Bienvenue sur le site dédié aux moines de Tibhirine
Le 21 mai 1996, sept moines trappistes étaient assassinés en Algérie. Leur mort a soulevé l’émotion de la communauté internationale. Le testament spirituel de frère Christian de Chergé résonne aujourd’hui comme l’un des grands textes du XXème siècle. Cette petite communauté de l’Atlas vivant en proximité avec ses voisins algériens est allée jusqu’au bout de l’amitié et de la fidélité à une vie monastique plantée en terre d’Islam. Ce qui a fait vivre cette communauté continue d’inspirer bien des hommes et des femmes aujourd’hui, de tous horizons, aspirant à vivre cette fraternité qu’ils ont signée de leurs vies. Sous l'égide de "l'Association des écrits des 7", regroupant les familles, les amis et l'Ordre Cistercien de la Stricte Observance, ce site voudrait aujourd’hui leur rendre hommage et permettre de faire connaître leurs écrits et leur actualité à travers les événements, les créations artistiques, les publications, l'approfondissement spirituel et la méditation…
Lettres annuelles de l'Association des Amis de Tibhirine
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La lettre des Amis de Tibhirine est parue régulièrement. Elle a été adressée à tous les donateurs et aux "Amis" qui ont porté le souci du rayonnement du message des Frères et du lien de solidarité et d’amitié avec les habitants du village de Tibhirine.
L’Algérie continue de saigner ! Notre sœur Odette assassinée le 10 Novembre, la 11ème depuis Mai 94 parmi les religieux, religieuses, prêtres ! [il y en aura d’autres !] Continuez de prier avec nous pour que les balles qui ont criblé leur chair soient transformées en graines de vie, de paix, de liberté, de réconciliation, pour le monde et pour l’Algérie en particulier… ! ( 27 janvier 1996, deux mois avant l'enlévement, lettre à des amis.)
Frère Célestin
Le mystère du Christ
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Le mystère du Christ est tellement immense, qu'on a bien le droit d'accorder une préférence à tel ou tel aspect de sa vie, grâce à l'analyse et la méditation que l'on a fait soi-même, et avec d'autres ! – N’était-ce pas un des appels urgents que le concile Vatican II adressait aux prêtres et aux chrétiens ? une Eglise dans le monde, bien incarnée, et non à côté, avec des privilèges et des pouvoirs !...
Pour ma part, donc, je vous avoue être de plus en plus impressionné par le mystère du Christ dans son Incarnation, Lui, l'égal de Dieu n'a pas utilisé ses privilèges de Fils de Dieu, il est devenu en tout l'égal des hommes; et ce n'est qu'au cœur d'une longue incarnation, d'un long enfouissement, jusqu`au bout du don total que peut faire un homme, qu'il reçoit de Dieu l'Esprit de vie pour lui et pour tous ses frères.
Frère Célestin
Je n'ai pas voulu être un prêtre
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Je n'ai pas voulu être un prêtre qui au nom de sa théologie en chambre parle de Dieu à ses frères humains… ! – Mais, par contre, il y avait chez moi, et il y a encore, un besoin profond, un besoin impérieux, d'amour toujours plus vrai, une nécessité d'être avec (et non à côté) les hommes mes frères, en égalité.
Mieux encore, tous ensemble, croyants et incroyants, pratiquants ou non, au cœur d'une vie partagée au long des jours, lentement, progressivement, chercher, rechercher, quel Esprit nous anime, pour continuer les uns avec les autres, concrètement, sur le tas, localement et ailleurs, à construire le monde dans un meilleur esprit de partage, au lieu de rêver dans les nuages l'unité, l'universalité ! ...( mai 1976 alors qu'il quitte la paroisse et devient "éducateur de rues" à Nantes)
Frère Célestin
Merci pour votre charité
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Merci pour votre charité, sollicitude, prière…, d'être près de nous, près de notre Église…, etc.
...Pour le moment le Seigneur me donne d'être là avec les frères, paisiblement… et, en ces temps difficiles, je reste émerveillé devant le don de Dieu, de vivre ma vie monastique (bien pauvrement) ici, avec ces dimanches, solennités, fêtes … et remarque qu'à chaque réflexion communautaire jamais la parole de Dieu - celle du jour même - ne m'a autant parlé pour poursuivre ma route … comme il y a dix ans lorsque je projetais de venir ici. Puissé-je toujours avoir un cœur prêt à l'accueillir.
Continuez de prier pour nous, car le plus dur sera dans l'avenir… (lettre à l'abbaye de Bellefontaine,1985)
Frère Michel
Bientôt un an...
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Bientôt 1 an dans la maison de l'Islam... L'Église ici a vécu plus d'événements douloureux que joyeux apparemment, et en même temps nous sommes témoins d'autre chose… et là, faut-il parler du mystère de l'Église ? du mystère du peuple de Dieu ? en tous cas sûrement du mystère de Dieu, d'un dessein de Dieu dans la maison de l'Islam … où le silence, la prière vaut mieux que le partage - surtout l'émerveillement comme Jésus sous l'action de l'Esprit : " Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tous petits. Oui, Père c'est ainsi que tu en as disposé dans Ta bienveillance…" Et le Prophète dit : " Seigneur, accrois mon émerveillement devant Toi." (lettre à un cousin, août 1985)
Frère Michel
C'est dans l'insignifiance de sa vie
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C'est dans l'insignifiance de sa vie que le moine se veut et qu'il se sait "SIGNE". ( juin 1974, "l'Invincible Espérance" p.24)
Je sais n’avoir que ce petit jour d’aujourd’hui à donner à Celui qui m’appelle pour TOUT JOUR mais comment lui dire oui pour toujours si je ne lui donne pas ce petit jour-ci… Dieu a mille ans pour faire un jour ; je n’ai qu’un seul jour pour faire de l’éternel, c’est aujourd’hui ! (Chapitre du 30 janvier 1990)
Notre mort est incluse dans le don, elle ne nous appartient pas, et donc elle ne peut être risquée que dans le même climat d’Évangile que tous nos autres instants offerts à Dieu au sein de cette communauté monastique à laquelle nous sommes liés d’amour à la vie à la mort ou encore pour le meilleur et l’au-delà du moins bon.
Frère Christian
Seule la charité
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"Seule la charité peut nous révéler le "bon angle" des choses et des événements... de tous ces petits "signes des temps" dont la vocation unique est de murmurer Dieu." (juin 1974, "l'Invincible Espèrance",p.25.)
"Aller vers l'autre et aller vers Dieu, c'est tout un, et je ne peux m'en passer, il y faut la même gratuité" (septembre 1989, "Sept vies pour Dieu et l'Algérie", p.34)
"Dans notre vie, il y a toujours un enfant à mettre au monde, l'enfant de Dieu que nous sommes " ( 8 mars 1996 - "Sept vies pour Dieu et l'Algérie" p.206)
Frère Christian
Jusqu'au bout, Jésus a été vivant
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Jusqu’au bout, Jésus a été un vivant. Notre existence : celle de moines. Nous sommes dans des conditions qui nous convertissent et cela nous conduit vers des raisons plus profondes de rester, une façon plus vraie et plus dépouillée. (Août 1993)
Frère Christophe
Ma présence ici
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Ma présence ici n’est pas nécessaire mais peut être utile. Le 31 janvier 96, j’aurai 82 ans, je suis malade, cœur et poumons, mais tant qu’il reste un peu de jour, dans un contexte difficile, je me dois aux autres – aussi je ne peux quitter Tibhirine. « Que ton règne vienne ». Il ne faut pas rechercher ce qui est « sien ». (lettre du 4 12 95)
Parce qu’elle est une rencontre avec Dieu, la mort ne peut être l’objet de terreur. La mort c’est Dieu. (Lettre du 28 05 95)
Perdre sa vie : le Christ n’existe pas pour lui-même et c’est pour cela que nous trouvons notre salut en existant pour lui ; c’est-à-dire pour ses frères qui sont aussi les nôtres. (8 mars 1994)
Frère Luc
Dieu aime ses enfants
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Dieu aime ses enfants avec infiniment de respect. C’est pourquoi il les veut libres. Dieu a respecté la liberté de l’homme jusqu’à lui laisser la possibilité de le mettre à mort lorsqu’il s’est fait un des leurs. L’amour ne peut être que la rencontre de deux libertés. Il n’y a pas d’amour dans la contrainte. Dieu sait que notre bonheur ne peut être qu’en Lui, mais il ne peut nous l’imposer. Non seulement il ne le veut pas, mais il en est incapable sinon il ne serait plus ce qu’il est. Il ne serait plus qu’amour. Dieu ne fait que nous proposer son amour. Notre seule action c’est de l’accepter librement, de nous laisser aimer en nous remettant entièrement à lui. Et c’est ainsi qu’il veut que nous aimions: « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. (Tibhirine, 2ème semestre 1990, lettre à sa soeur Bernadette)
Frère Paul
Priants parmi d'autres priants
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La première fois qu’une communauté soufie du voisinage a demandé à nous rencontrer – c’était à Noël 1979 – son porte-parole avait bien pris soin de préciser que c’était pour un partage de prière qu’ils désiraient nous retrouver. « Il nous faut laisser Dieu inventer entre nous quelque chose de nouveau. Cela ne peut se faire que dans la prière. » Cette expérience m’aide à ne pas figer le musulman dans l’idée que je m’en fais. (1993)
Priants parmi d’autres priants, c’est ainsi que notre petite communauté monastique, « épave » cistercienne dans un océan d’islam, parvenait à se définir dans l’Algérie indépendante de 1975, alors même que nous avions, semblait-il, huit jours pour quitter les lieux… où nous sommes toujours. (1989)
Frère Christian
L’islam est né au désert
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L’islam est né au désert, comme le monachisme. Il en porte une marque indélibile. Le prophète resta lui-même « enclin à la méditation et au silence ». Et la vie rituelle tend à situer le croyant « seul avec le Seul », même à Mekka quand les pèlerins se présentent par centaines de milliers. Le muezzin qui appelle à la prière s’exprime en solitaire : « Je témoigne… » (Ashhadu). De plus, au sein de l’islam comme dans le christianisme, s’entretient la conscience de n’être, comme Abraham, « qu’étrangers et voyageurs sur la terre… faits pour aspirer à une autre patrie » (He 11,13ss) à laquelle conduisent tous les chemins de désert. (septembre 1989)
Frère Christian
Donner sa vie pour Dieu
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Donner sa vie par amour pour Dieu, à l’avance, sans condition, c’est ce que nous avons fait... ou du moins ce que nous avons cru faire. Nous n’avons pas demandé alors ni pour quoi, ni comment. Nous nous en remettions à Dieu de l’emploi de ce don, de sa destination jour après jour, jusqu’à l’ultime [...] Nous voici ramenés au témoignage de Jésus, à son martyre : Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Homélie pour le Jeudi saint 1994)
Frère Christian
Le martyr de l'Espérance
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Il me semble que nous recevons là aujourd’hui, comme un surcroît d’appel pour ce « martyre » qui nous est destiné, celui de L’ESPÉRANCE. Oh ! Il n’est ni glorieux, ni brillant. Il s’ajuste exactement à toutes les dimensions du quotidien. Il définit depuis toujours l’état monastique : le pas à pas, le goutte à goutte, le mot à mot, le coude à coude... et c’est cela qu’il faut recommencer, en vie régulière, chaque matin, encore dans la nuit, et cela qu’il faut continuer de ruminer, de corriger, de discerner, d’attendre surtout [...] Et notre « Galilée » à nous, là où nous avons choisi de le suivre, puisque partout, désormais, il est DEVANT, c’est donc ce pays d’Algérie, dans son aujourd’hui pascal. Seule l’espérance peut nous y maintenir à notre place.
Frère Christian
Dans la situation de Marie
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J’imagine assez bien que nous sommes dans cette situation de Marie qui va voir sa cousine Elisabeth et qui porte en elle un secret vivant qui est encore celui que nous pouvons porter nous-mêmes, une Bonne Nouvelle vivante. Elle l’a reçue d’un ange. C’est son secret et c’est aussi le secret de Dieu. Et elle ne doit pas savoir comment s’y prendre pour livrer ce secret. Va-t-elle dire quelque chose à Elisabeth ? Peut-elle le dire ? Comment le dire ? Comment s’y prendre ? Faut-il le cacher ? Et pourtant, tout en elle déborde, mais elle ne sait pas. D’abord c’est le secret de Dieu.
Frère Christian
Vivre dans la maison de l'Islam
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Il me paraît que vivre dans la « maison de l’islam », c’est sentir concrètement la difficulté, et donc l’urgence plus grande, de ces nouveautés de l’Evangile que l’Eglise n’a extraites de son trésor qu’assez récemment : non-violence pratique, urgence de la justice sociale, liberté religieuse, spiritualité du dialogue, respect de la différence, sans oublier la solidarité avec les plus pauvres, toujours à réinventer. (septembre 1989)
Tant qu’il y aura une douleur à partager dans le monde, vous serez là, compagnons de la nuit et du doute, de la veille et des larmes. L’aurore se lèvera pour les autres ; pour vous, elle sera encore prématurée tant qu’il y aura un enfant dans le coma, et des parents effondrés pour qui le temps s’est arrêté au chevet d’un être déjà absent. (1977)
Frère Christian
Je suis à Lui
Pas de traduction pour ce texte.
Car enfin mes amis
il faut qu’entre nous
cela
soit bien clair
je suis à lui
et sur ses pas je vais
vers ma pleine vérité
pascale ("Aime jusqu'au bout du feu")
Frère Christophe
Devenir serviteur
Pas de traduction pour ce texte.
Je te demande en ce jour
la grâce de devenir serviteur
et de donner ma vie
ici
en rançon pour la PAIX
en rançon pour la VIE
Jésus attire-moi
en ta JOIE
d’amour crucifié ("Aime jusqu'au bout du feu")
Frère Christophe
Ce Noël ne fut pas comme les autres
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Ce Noël ne fut pas comme les autres [...] Il y avait nous, chacun ; et les événements qui nous ont immensément rapprochés, n’ont rien gommé des différences. Le matin nous avions convenu qu’il serait idiot de faire bloc. Chacun a vécu ces choses graves. Chacun les interprète. Chacun tâche de les assumer. Et puis, il y a aussi ce « nous » qui chemine, progresse en grâce et en sagesse (!?!). On est déplacé, conduit là où on n’aurait jamais pu aller malgré toute notre religion... Il est grand le mystère de la Foi... de la fidélité plus tendre. Oui, je suis bien ému d’être membre de ce corps, sans éclat ni belle apparence [...] MOINES, on est en train de le devenir un peu plus en vérité, selon l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. (Relation de frère Christophe, janvier 1994)
Frère Christophe
Amour en Croix
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L'office. Les mots des psaumes résistent, font corps avec la situation de violence, d'angoisse, de mensonge et d'injustice. Oui, il y a des ennemis. On ne peut pas nous contraindre à dire trop vite qu'on les aime sans faire injure à la mémoire des victimes dont chaque jour le nombre s'accroît. Dieu Saint. Dieu Fort. Viens à notre aide. Vite. Au secours. Et puis on reçoit des mots d'encouragement, de consolation, des mots qui font espérer et c'est là que lire l'Ecriture c'est vital. Il y a du sens : il est à recevoir, à reconnaître. A reconnaître : toi qui viens. Et nous voici chargés de ce sens. Il s'accomplit : Amour en Croix.
Frère Christophe
Ton "Je t'aime"
Pas de traduction pour ce texte.
Aujourd’hui, j’entends au fond de moi ton bonheur d’être en moi : Toi, l’Aimé de l’Amour. L’expérience si pauvre – et dérisoire à en pleurer ou à en rire – de cet étudiant tourangeau disant « je t’aime » sans que nulle réponse ne vienne. C’est ton « je t’aime » m’attirant dans la réciprocité du Don. Ta liberté, Jésus, est liberté d’allure : là où je vais après nous y sommes : il s’agit de le suivre.
Puisqu’il te suffit d’un rien que oui pour faire l’impossible ici s’il te plaît prends moi.
Frère Christophe
Ta ressemblance m'attire
Pas de traduction pour ce texte.
…ta ressemblance m’attire
dedans ta pâque je me suis glissé
et me laisse prendre entièrement à ta vie
ta résurrection m’envahit
par toi s’actualise le don
et tout s’éternise en joie…
Marie nous appelle dans le Verbe
et dans l'Esprit nous laisser aller
Dans la Joie du DON
Vers le Père
Vers nos Frères
Frère Christophe
Puits que rien n'épuise
Pas de traduction pour ce texte.
C’est toi qui donne forme d’amour à mon existence. Ton je t’aime un jour m’est apparu. Je ne m’en suis pas remis. Je reste au bord de ce « puits que rien n’épuise ». Epuisé. Un jour de Toussaint, j’ai signé sur la feuille officielle ton Je t’aime. Ce qui a lieu ici, c’est une histoire cachée, c’est jeu d’amour ou rien du tout... (12 août 1993)
Quand ton corps s’en prend à ma vie. Quand ton sang y met le feu.
Mon cœur me monte au visage.
Frère Christophe
Après la visite de Noël
Pas de traduction pour ce texte.
Après la visite de Noël, il m’a fallu quinze jours, trois semaines, pour revenir de ma propre mort. On accepte très vite la mort, ne vous inquiétez pas, mais pour reprendre pied ensuite, on met du temps. Après, je me suis dit : ces gens-là, ce type-là avec qui j’ai eu ce dialogue tellement tendu, quelle prière je peux faire pour lui ? Je ne peux demander au Bon Dieu : tue-le. Mais je peux demander : désarme-le. Après je me suis dit : ai-je le droit de demander : désarme-le, si je ne commence pas par demander : désarme-moi et désarme-nous en communauté. C’est ma prière quotidienne, je vous la confie tout simplement. (8 mars 1996)
Frère Christian
Le pèlerinage continue
Pas de traduction pour ce texte.
Avant que le Seigneur ne me rappelle à Lui, je demande que la Paix s’installe dans ce pays, que j’ai bien aimé et où j’ai passé plus de quarante-sept ans de ma vie. A notre âge, nous nous retournons vers le passé, et nous comprenons le sens de notre pèlerinage sur cette terre. Dans les souffrances du corps et la douleur de l’âme et les échecs, Dieu nous a conduits par la main. Le pèlerinage continue. Devant nous le Christ portant sa croix nous montre le chemin et au terminus brille la lumière pascale de la Résurrection. (10 octobre 1993)
Frère Luc
Que le Seigneur me garde dans la joie
Pas de traduction pour ce texte.
Priez pour moi afin que le Seigneur me garde dans la joie. A nouveau notre région est plongée dans les horreurs de la violence. Dieu ne veut pas le malheur. Il se trouve avec les victimes. Dieu avec nous. Je peux poursuivre mon activité. J’ignore quand et comment tout cela finira. Priez pour moi. (15 mars 1996)
Ici, la situation est devenue inquiétante, peut-être sera-t-elle pour l’avenir dangereuse... La mort... ce serait un témoignage rendu à l’absolu de Dieu. (Lettre du 17 novembre 1993)
Frère Luc
Nous cheminons avec le Seigneur
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Aussi longtemps que nous faisons de notre vie un but en soi, ne subsiste aucune raison de vivre, car tout se termine par la mort. C’est dans le Christ que nous découvrons le sens profond de notre vie. Ce que Dieu demande est que nous Lui fassions confiance à Lui et au Christ. (Lettre de janvier 1994)
Ici, c’est la confusion et la violence. Nous sommes dans une situation à risques mais nous persistons dans la foi et la confiance en Dieu. Nous cheminons avec le Seigneur. Il nous indique le chemin, c’est par la pauvreté, l’échec et la mort que nous allons vers Dieu ( lettre d’avril 1994).
Frère Luc
Comme un oiseau sur la branche
Pas de traduction pour ce texte.
Merci de nous suivre par la pensée, au milieu des événements d’Algérie. Une religieuse et un religieux ont été assassinés. Pas de trêve pour la violence. Nous sommes comme l’oiseau sur la branche, prêts à nous envoler vers d’autres cieux ! Des cieux nouveaux et une terre nouvelle. Partout où nous allons, partout où nous sommes, Dieu nous accompagne. Dieu n’est pas contre nous mais avec nous. Quand nous débarquerons de cette planète, encore tout plongés dans nos préoccupations terrestres, nous n’aurons pas peur, car en franchissant le seuil angoissant de la mort, nous trouverons le Christ qui nous introduira dans la maison du Père. (Lettre du 25 mai 1994)
Frère Luc
Martyr, c’est un mot tellement ambigu
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Martyr, c’est un mot tellement ambigu ici... S’il nous arrive quelque chose – je ne le souhaite pas – nous voulons le vivre ici en solidarité avec tous ces algériens (algériennes) qui ont déjà payé de leur vie, seulement solidaires de tous ces inconnus, innocents... Il me semble que celui qui nous aide aujourd’hui à tenir, c’est celui qui nous a appelés... J’en reste profondément émerveillé : Celui qui nous affermit avec vous (peuple algérien) en Christ et qui nous donne l’onction : c’est Dieu. (Lettre à un moine)
Frère Michel
Jusqu'où aller...
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Jusqu'où aller pour sauver sa peau sans risquer de perdre la vie. Un seul connaît le jour et l'heure de notre libération en lui... Soyons disponibles pour qu'il puisse agir en nous, par la prière et la présence aimante à tous nos frères.
Que restera-t-il dans quelques mois de l’Église d’Algérie, de sa visibilité, de ses structures, des personnes qui la composent ? Peu, très peu vraisemblablement. Pourtant je crois que la Bonne Nouvelle est semée, le grain germe [...]. L’Esprit est à l’œuvre, il travaille en profondeur dans le cœur des hommes. Soyons disponibles pour qu’il puisse agir en nous par la prière et la présence aimante à tous nos frères. (Lettre du 11 janvier 1995)
Frère Paul
"Me voici devant Vous, ô mon Dieu"
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... Me voici, riche de misère et de pauvreté, et d’une lâcheté sans nom. Me voici devant Vous qui n’êtes qu’Amour et Miséricorde. Devant Vous, mais par votre seule grâce, m’y voilà tout entier, avec tout mon esprit, tout mon cœur, toute ma volonté» . (Tibhirine, 21/03/90, jour de sa profession solennelle)
Frère Bruno
Etre des "Veilleurs"
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« Depuis le mois de Janvier, nous accueillons l’un ou l’autre de mes frères qui demeurent en Algérie. Ils viennent pour un temps, pour concrétiser le lien qui existe entre nos deux communautés, et pour trouver un peu de répit dans la grande tension qu’ils connaissent. Notre Prieur (Christian) est venu célébrer la Semaine Sainte et la fête de Pâques avec nous… Célébrer la Résurrection du Christ en cette terre, en cette ville, c’est évidemment un paradoxe, mais nous ressentons alors toute la signification de notre «mission» de priants… Etre des «veilleurs», prenant en notre prière toutes les joies et les peines du monde…» (Lettre - Fès - 07/05/95)
Frère Bruno
"Je remercie le Seigneur d'être ici..."
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... et en cet état de vie. C’est simple, caché comme la graine enfouie dans le sol qui germera en son temps. Vie de foi et de grande espérance. Ici comme dans le monde entier, Dieu a jeté la semence de son Royaume, mais tout enfantement a ses douleurs… » (Lettre - Fès - 08/01/96)
Frère Bruno
Force et sérénité
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« Vous demeurez tous bien présents dans ma prière qui ne connaît ni le temps qui passe, ni l’espace qui sépare… Et pour chacun, chacune de vous, que le Seigneur vous donne jour après jour force et sérénité… » (Lettre à la famille - deux jours avant l’enlèvement - Tibhirine - 24/03/1996)