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Dieu a tant aimé le monde…qu’il a donné !

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Le don des origines, celui de la création. Dès l’abord, Dieu AIME. Il crée pour cela – à cause de cela et en vue de cela. Dès le commencement, il DONNE… il donne jusqu’à la croix et au-delà. Il donne en laissant l’homme libre de perdre, libre de sa façon de Le perdre. Car quand il donne, il se donne. Il se donne en TOUT, même dans la mort qu’il n’a pas voulue. Et c’est grâce, c’est à dire que c’est gratuit, c’est cadeau. Les dons de Dieu ne sont pas à acheter : qui pourrait prétendre acheter l’amour ! Le sot ! Dieu n’est pas mercantile. Pas de donnant-donnant en Lui. Sa justice n’est ni intéressée ni vengeresse… Difficile à concevoir pour nous ! Pas de marché à faire avec Lui, même en vie consacrée. Nous avons tout donné, dit le disciple, que recevons-nous ?  Dieu le Premier a tout donné ! (sans rien attendre que l’amour et il est comblé). 

Que reçoit-il ? Dans ce don qui est création en Jésus-Christ, il y a ce vœu que nous soyons comme Lui, des créateurs dont « les actes soient vraiment BONS ». 

Ainsi, après avoir séparé la lumière des ténèbres, Dieu lui-même voit tout, pose tout, dans la lumière. Pas de ténèbres en Lui. Si l’homme échappe à la lumière, ses œuvres deviennent ténèbres ; mais c’est la logique de l’AMOUR que de laisser l’homme juge de lui-même, se juger lui-même par ses œuvres, de n’exercer aucune puissance, aucune contrainte, de le laisser libre dans son choix : le bien et le choix ont partie liée.

Voici, je mets devant toi la vie ou la mort. Choisis la vie, afin de vivre toi et ta postérité. Dt 30, 15.

Sais-tu que j’ai le pouvoir de te tuer ? , disait le juge romain. Au martyr chrétien, Dieu ne parle pas ainsi. Mais l’Esprit du Christ fait la réponse du martyr à son juge : « Mais, savez-vous que j’ai le pouvoir d’être tué ? »[…] La liberté sait par où elle ne saurait se lier sans risquer de s’aliéner. Elle voit les portes qui lui restent ouvertes, et par où elle va s’échapper pour rester elle-même. Choisis la vie ! Ce choix seul est libérant, et gratuit à la fois. Mais Seul le Vivant peut l’offrir, seul l’amour qui ne meurt pas peut le garantir, parce qu’il s’offre lui-même en même temps, il se donne lui-même. Dans la liberté de ce don, l’homme comprend, comme Jésus, comme les martyrs, que « ce qui importe, ce n’est pas de rester en vie coûte que coûte, mais comment l’on reste en vie » disait Etty Hilesum. La liberté est du côté de l’amour, toujours, définitivement. La Croix nous le redit, comme une nouvelle création : Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ! « Je sais que ceux qui haïssent ont à cela de bonnes raisons. Mais pourquoi devrions-nous toujours choisir la voie la plus facile, la plus rebattue ? Au camp, j’ai senti dans tout mon être que le moindre atome de haine ajouté à ce monde le rend plus inhospitalier encore. Et je pense, avec une naïveté puérile peut-être, mais tenace, que si cette terre redevient un jour plus habitable, ce ne sera que par cet amour dont le juif Paul a parlé jadis aux Corinthiens au 13ème chapitre de sa première lettre ». Etty Hilesum.

F. Christian, Homélie pour le 4ème dimanche de Carême, le 13 mars 1994, (Jn 3,14-21)