Benvenuti sul sito dedicato ai monaci di  Tibhirine

Il 21 maggio 1996, sette monaci trappisti venvano assassinati in Algeria . La loro morte ha sollevato l’emozione della comunità internazionale, e il testamento spirituale di Fratel Christian de Chergé risuona oggi come uno dei grandi testi de XX secolo. Questa piccola comunità dell’Atlas cosi’ prossima ai suoi vicini algerini, è andata fino in fondo all’amicizia e alla fedeltà ad una vita monastica  impiantata in terra d’Islam. Ciò che ha fatto vivere quella comunità continua ad ispirare tanti uomini e donne di oggi, di tutti gli orizzonti, che aspirano a vivere quella fraternità che loro hanno firmato con le loro vite. Sotto l’egida dell’ « Associazione degli scritti dei 7 », che raggruppano le famiglie, gli amici e l’Ordine Cisterciense della Stretta Osservanza, questo sito vorrebbe, oggi, render loro  omaggio  e permettere di far conoscere i loro scritti e le loro attualità attraverso gli avvenimenti, le creazioni artistiche, le pubblicazioni, l’approfondimento spirituale e la meditazione.

À découvrir

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petit reste gilles nicolasGilles Nicolas est né le 13 juillet 1936, dans une famille qui devait compter huit enfants dont il serait le second. Après de bonnes études, il entre à l’Ecole Centrale, dont il sort ingénieur. Il fait, ensuite, son service militaire comme lieutenant dans l’Ouest de l’Ouarsenis, à la fin de la guerre d’Algérie, dans une région où le plan Challes avait déjà considérablement réduit les moyens de l’A.L.N. et où il n’eut pas, disait-il, à être vraiment impliqué dans des combats. Toutefois il y découvre l’Algérie et décide, pendant ses études théologiques, qu’il  accomplit au Grand Séminaire d’Issy les Moulineaux, de demander l’incardination dans le diocèse d’Alger. Il est ordonné à Paris le 25 juin 1966 et part pour Alger, rejoindre son diocèse, en septembre 1966. C’est là que je l’accueille, en tant que Directeur du Centre chargé de la formation à la langue arabe et à la connaissance de l’islam, ou de la mission de l’Eglise en contexte musulman.

Fait tout à faire rare, je constate, dès son arrivée, qu’il lisait déjà couramment l’arabe littéraire et le comprenait à l’audition, grâce au travail mené  avec un séminariste libanais à qui il avait demandé de l’aide au Séminaire. Je lui conseillais, alors, de s’inscrire directement à Propédeutique arabe à l’université d’Alger.  C’est ce qu’il fit, si bien qu’il obtint ainsi un diplôme universitaire en arabe, à la fin de sa première année scolaire en Algérie. Il était désormais armé pour recevoir son premier poste et, en décembre 1967, le Cardinal Duval, alors archevêque d’Alger, le nommait Directeur du Secrétariat des Ecoles diocésaines (S.N.E.D.A.). Il allait occuper cette fonction jusqu’à la nationalisation, par Boumedienne, des établissements diocésains, en juillet 1976. Il allait avoir à dynamiser cette structure qui accueillait plus de vingt mille enfants et adolescents algériens musulmans, garçons et filles, au sein d’établissements dépendant  directement du diocèse ou dirigées par les diverses Congrégations enseignantes de religieux ou religieuses travaillant dans la région d’Alger. Il obtient la nationalité algérienne en 1972.

Dans le temps  de sa charge aux écoles diocésaines, il avait déjà  assumé des charges pastorales dans diverses paroisses d’Alger (Mouradia, Hussein Dey). Après la nationalisation des écoles, il passe un an, en situation pastorale,  dans un quartier populaire d’Alger (Bab el Oued), puis il est nommé à Médéa, à 80 km au sud d’Alger, dans les contreforts de l’Atlas comme prêtre chargé du secteur du Titteri au sud d’Alger. Il allait avoir à y soutenir divers groupes d’expatriés, notamment italiens, qui étaient employés dans des chantiers de la région. Il s’y trouvait aussi le « curé » du Monastère trappiste de Tibhirine, distant de sept kilomètres de Médéa et établissait, ainsi, avec les moines qu’il voyait presque chaque semaine, des liens d’amitié spirituelle très forts. Il  gardait, toutefois, sa propre approche, plus réaliste, du dialogue islamo-chrétien, qui n’était pas forcément celle de son ami, le Prieur de Tibhirine, le P. Christian de  Chergé. Il sera associé aux diverses concertations qui devaient amener les moines à rester fidèles à leur lieu de vie jusqu’à en mourir, le P. Gilles Nicolas, assumant, d’ailleurs, lui-même, notamment sur la route du monastère, les mêmes risques que les moines quand la crise terroriste vint à menacer la région et l’Algérie toute entière, entre 1992 et 2000. C’est par exemple, lui qui s’est trouvé à l’entrée du monastère pour recevoir l’interpellation des terroristes lors de leur première incursion au monastère le 24 décembre 1993, et parmi eux, il y avait l’un de ses anciens élèves.

En effet, il avait pris dès son arrivée à Médéa, un poste de professeur de mathématiques, dans un lycée de la ville, mettant à profit sa formation antérieure dans cette discipline et  s’appuyant sur son diplôme de Centralien. Il enseignait donc au lycée, en arabe, jusqu’à ce qu’il lui soit demandé quelques années plus tard de continuer le même enseignement, mais au Centre Universitaire de Médéa, ce qu’il fit jusqu’à sa retraite de l’enseignement, en 1997. Sa compétence et sa force de caractère devait lui attirer à la fois l’admiration de certains de ses collègues ou de ses élèves, et l’hostilité d’autres groupes plus fondamentalistes ou moins compétents. Il fit face à tout avec courage et dans la  volonté de servir au mieux le niveau scolaire de l’école algérienne.

En 1988, je succédais comme archevêque d’Alger au Cardinal  Duval et je lui demandais d’accepter la gestion du patrimoine du diocèse d’Alger tout en gardant ses charges à Médéa. Il allait réussir, dans cette mission concrète et complexe, à se faire connaître et respecter, dans sa charge, grâce à sa connaissance  de l’arabe, à sa force de caractère, à sa volonté d’assurer les droits du diocèse, tout en gagnant le respect de ses interlocuteurs des divers ministères concernés ou des partenaires musulmans de l’Eglise, comme Institution. Cette triple charge d’enseignant, de prêtre chargé d’une communauté chrétienne et de gestionnaire du diocèse allait le conduire à vivre avec courage et  générosité une  situation particulièrement dangereuse, puisqu’il lui fallait assurer, plusieurs fois par semaine, la route périlleuse de la vallée de la Chiffa entre Alger et Médéa.

Dans le même temps, au début des années 80, il mettait à exécution un projet de vie qu’il portait en lui, celui de rejoindre la société de prêtres du Prado. Cette famille spirituelle  l’aidait à vivre son choix d’une vie simple, en serviteur de l’évangile qui se fait  proche des plus pauvres,  soucieux  de faire respecter leur dignité par les puissants ou par les autorités. C’est dans cette ligne de pensée qu’il faut aussi situer, hors de ses obligations professionnelles, sa très grande attention aux personnes et aux familles algériennes musulmanes qu’il rencontrait et qu’il visitait chez elles, devenant l’ami de chacun des membres du groupe, adultes et enfants. A partir des années quatre vint dix, il allait aussi investir beaucoup de temps et d’énergie à rejoindre les nombreux étudiants africains qui venaient rejoindre les universités de l’Algérie comme boursiers. Il organisait pour eux des « Universités d’été » auxquelles il associait les compétences de ses amis sur Alger. Cette mission aura pour lui une grande importance pendant toutes les dernières années de sa vie sacerdotale.

Il attachait beaucoup d’importance à l’eucharistie du jeudi qu’il assurait dans la chapelle de l’archevêché, pour les collaborateurs de l’institution ou les voisins proches. Il  attachait, d’ailleurs, la même importance aux célébrations qu’il assurait dans plusieurs communautés religieuses dont certaines de celles qui devait être frappées par la violence terroriste. Dans ce contexte il aimait faire partager, à ceux qui priaient avec lui, ses dernières découvertes, grâce à ses lectures théologiques et scientifiques ou à ses recherches sur le net dont il était un utilisateur passionné et compétent.

Dans les dernières années de sa vie il devenait de plus en plus handicapé par sa difficulté à bien entendre ses interlocuteurs ce qui l’isolait. Mais il gardait la même générosité de vie, assumant par lui-même toutes les tâches quotidiennes de la vie, invitant largement dans la salle à manger rudimentaire du sous sol de l’archevêché. Il assumait, alors, avec dévouement, les charges supplémentaires qui lui furent imposées, pendant plus de cinq ans, par la nécessité de soutenir l’équipe qui restaurait la basilique Notre Dame d’Afrique  équipe dont il avait la charge avec le P. Bernard Lefevbre et Mr  Dominique Henry. Par ailleurs, il s’efforçait de garder des liens avec les chrétiens évangéliques dont le groupe se développaient, dans ces années là, mais qui avaient des rapports difficiles avec les autorités et n’étaient pas toujours compris dans la communauté catholique. Il prenait aussi des positions fermes, dans le pays, face aux évolutions contraires au respect des droits humains, cherchant souvent, à ses risques et périls, à dire et à faire la vérité.

Les évolutions de l’organisation du diocèse d’Alger après l’arrivée du nouvel archevêque, Mgr Ghaleb Bader, lui ont permis d’être remplacé dans sa charge d’économe et de prendre, enfin, une année sabbatique qu’il choisit d’aller passer à Lyon au Prado. Il en revenait, prêt à prendre de nouvelles charges, quand il a été emporté par une crise cardiaque. Il nous laisse le message d’une fidélité, courageuse et exigeante, à un évangile de la simplicité, de la vérité et de  la générosité de vie dont il voulait donner le signe devant les chrétiens et les musulmans qu’il avait à rencontrer. Il aura apporté sa large part à cette Eglise de la rencontre et du service que le Cardinal  Duval, son  évêque à son arrivée en Algérie, lui avait appris à vivre dans les premières années de son  sacerdoce.

Mgr Henri Teissier, Archevêque émérite d'Alger
Tlemcen (Algérie)
7 octobre 2011
Fête de Notre Dame du Rosaire

 

Quelques citations...

Graines de vie, de paix ...

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L’Algérie continue de saigner ! Notre sœur Odette assassinée le 10 Novembre, la 11ème depuis Mai 94 parmi les religieux, religieuses, prêtres !  [il y en aura d’autres !] Continuez de prier avec nous pour que les balles qui ont criblé leur chair soient transformées en graines de vie, de paix, de liberté, de réconciliation, pour le monde et pour l’Algérie en particulier… ! ( 27 janvier 1996, deux mois avant l'enlévement, lettre à des amis.)

Graines de vie, de paix ...

Frère Célestin

Le mystère du Christ

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Le mystère du Christ est tellement immense, qu'on a bien le droit d'accorder une préférence à tel ou tel aspect de sa vie, grâce à l'analyse et la méditation que l'on a fait soi-même, et avec d'autres ! – N’était-ce pas un des appels urgents que le concile Vatican II adressait aux prêtres et aux chrétiens ? une Eglise dans le monde, bien incarnée, et non à côté, avec des privilèges et des pouvoirs !...

Pour ma part, donc, je vous avoue être de plus en plus impressionné par le mystère du Christ dans son Incarnation, Lui, l'égal de Dieu n'a pas utilisé ses privilèges de Fils de Dieu, il est devenu en tout l'égal des hommes; et ce n'est qu'au cœur d'une longue incarnation, d'un long enfouissement, jusqu`au bout du don total que peut faire un homme, qu'il reçoit de Dieu l'Esprit de vie pour lui et pour tous ses frères.

Le mystère du Christ

Frère Célestin

Je n'ai pas voulu être un prêtre

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Je n'ai pas voulu être un prêtre qui au nom de sa théologie en chambre parle de Dieu à ses frères humains… ! – Mais, par contre, il y avait chez moi, et il y a encore, un besoin profond, un besoin impérieux, d'amour toujours plus vrai, une nécessité d'être avec (et non à côté) les hommes mes frères, en égalité.

Mieux encore, tous ensemble, croyants et incroyants, pratiquants ou non, au cœur d'une vie partagée au long des jours, lentement, progressivement, chercher, rechercher, quel Esprit nous anime, pour continuer les uns avec les autres, concrètement, sur le tas, localement et ailleurs, à construire le monde dans un meilleur esprit de partage, au lieu de rêver dans les nuages l'unité, l'universalité ! ...( mai 1976 alors qu'il quitte la paroisse et devient "éducateur de rues" à Nantes)

Je n'ai pas voulu être un prêtre

Frère Célestin

Merci pour votre charité

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Merci pour votre charité, sollicitude, prière…, d'être près de nous, près de notre Église…, etc.

...Pour le moment le Seigneur me donne d'être là avec les frères, paisiblement… et, en ces temps difficiles, je reste émerveillé devant le don de Dieu, de vivre ma vie monastique (bien pauvrement) ici, avec ces dimanches, solennités, fêtes … et remarque qu'à chaque réflexion communautaire jamais la parole de Dieu - celle du jour même - ne m'a autant parlé pour poursuivre ma route … comme il y a dix ans lorsque je projetais de venir ici. Puissé-je toujours avoir un cœur prêt à l'accueillir.

Continuez de prier pour nous, car le plus dur sera dans l'avenir… (lettre à l'abbaye de Bellefontaine,1985)

Merci pour votre charité

Frère Michel

Bientôt un an...

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Bientôt 1 an dans la maison de l'Islam... L'Église ici a vécu plus d'événements douloureux que joyeux apparemment, et en même temps nous sommes témoins d'autre chose… et là, faut-il parler du mystère de l'Église ? du mystère du peuple de Dieu ? en tous cas sûrement du mystère de Dieu, d'un dessein de Dieu dans la maison de l'Islam … où le silence, la prière vaut mieux que le partage - surtout l'émerveillement comme Jésus sous l'action de l'Esprit : " Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tous petits. Oui, Père c'est ainsi que tu en as disposé dans Ta bienveillance…" Et le Prophète dit : " Seigneur, accrois mon émerveillement devant Toi." (lettre à un cousin, août 1985)

Bientôt un an...

Frère Michel

C'est dans l'insignifiance de sa vie

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C'est dans l'insignifiance de sa vie que le moine se veut et qu'il se sait "SIGNE". ( juin 1974, "l'Invincible Espérance" p.24)


Je sais n’avoir que ce petit jour d’aujourd’hui à donner à Celui qui m’appelle pour TOUT JOUR mais comment lui dire oui pour toujours si je ne lui donne pas ce petit jour-ci… Dieu a mille ans pour faire un jour ; je n’ai qu’un seul jour pour faire de l’éternel, c’est aujourd’hui ! (Chapitre du 30 janvier 1990)


Notre mort est incluse dans le don, elle ne nous appartient pas, et donc elle ne peut être risquée que dans le même climat d’Évangile que tous nos autres instants offerts à Dieu au sein de cette communauté monastique à laquelle nous sommes liés d’amour à la vie à la mort ou encore pour le meilleur et l’au-delà du moins bon.

C'est dans l'insignifiance de sa vie

Frère Christian

Seule la charité

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"Seule la charité peut nous révéler le "bon angle" des choses et des événements... de tous ces petits "signes des temps" dont la vocation unique est de murmurer Dieu." (juin 1974, "l'Invincible Espèrance",p.25.)


"Aller vers l'autre et aller vers Dieu, c'est tout un, et je ne peux m'en passer, il y faut la même gratuité" (septembre 1989, "Sept vies pour Dieu et l'Algérie", p.34)


"Dans notre vie, il y a toujours un enfant à mettre au monde, l'enfant de Dieu que nous sommes " ( 8 mars 1996 - "Sept vies pour Dieu et l'Algérie" p.206)

Seule la charité

Frère Christian

Jusqu'au bout, Jésus a été vivant

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Jusqu’au bout, Jésus a été un vivant. Notre existence : celle de moines. Nous sommes dans des conditions qui nous convertissent et cela nous conduit vers des raisons plus profondes de rester, une façon plus vraie et plus dépouillée. (Août 1993)

Jusqu'au bout, Jésus a été vivant

Frère Christophe

Ma présence ici

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Ma présence ici n’est pas nécessaire mais peut être utile. Le 31 janvier 96, j’aurai 82 ans, je suis malade, cœur et poumons, mais tant qu’il reste un peu de jour, dans un contexte difficile, je me dois aux autres – aussi je ne peux quitter Tibhirine. « Que ton règne vienne ». Il ne faut pas rechercher ce qui est « sien ». (lettre du 4 12 95)


Parce qu’elle est une rencontre avec Dieu, la mort ne peut être l’objet de terreur. La mort c’est Dieu. (Lettre du 28 05 95)


Perdre sa vie : le Christ n’existe pas pour lui-même et c’est pour cela que nous trouvons notre salut en existant pour lui ; c’est-à-dire pour ses frères qui sont aussi les nôtres. (8 mars 1994)

Ma présence ici

Frère Luc

Dieu aime ses enfants

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Dieu aime ses enfants avec infiniment de respect. C’est pourquoi il les veut libres. Dieu a respecté la liberté de l’homme jusqu’à lui laisser la possibilité de le mettre à mort lorsqu’il s’est fait un des leurs. L’amour ne peut être que la rencontre de deux libertés. Il n’y a pas d’amour dans la contrainte. Dieu sait que notre bonheur ne peut être qu’en Lui, mais il ne peut nous l’imposer. Non seulement il ne le veut pas, mais il en est incapable sinon il ne serait plus ce qu’il est. Il ne serait plus qu’amour. Dieu ne fait que nous proposer son amour. Notre seule action c’est de l’accepter librement, de nous laisser aimer en nous remettant entièrement à lui. Et c’est ainsi qu’il veut que nous aimions: « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. (Tibhirine, 2ème semestre 1990, lettre à sa soeur Bernadette)

Dieu aime ses enfants

Frère Paul

Priants parmi d'autres priants

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La première fois qu’une communauté soufie du voisinage a demandé à nous rencontrer – c’était à Noël 1979 – son porte-parole avait bien pris soin de préciser que c’était pour un partage de prière qu’ils désiraient nous retrouver. « Il nous faut laisser Dieu inventer entre nous quelque chose de nouveau. Cela ne peut se faire que dans la prière. » Cette expérience m’aide à ne pas figer le musulman dans l’idée que je m’en fais. (1993)


Priants parmi d’autres priants, c’est ainsi que notre petite communauté monastique, « épave » cistercienne dans un océan d’islam, parvenait à se définir dans l’Algérie indépendante de 1975, alors même que nous avions, semblait-il, huit jours pour quitter les lieux… où nous sommes toujours. (1989)

Priants parmi d'autres priants

Frère Christian

L’islam est né au désert

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L’islam est né au désert, comme le monachisme. Il en porte une marque indélibile. Le prophète resta lui-même « enclin à la méditation et au silence ». Et la vie rituelle tend à situer le croyant « seul avec le Seul », même à Mekka quand les pèlerins se présentent par centaines de milliers. Le muezzin qui appelle à la prière s’exprime en solitaire : « Je témoigne… » (Ashhadu). De plus, au sein de l’islam comme dans le christianisme, s’entretient la conscience de n’être, comme Abraham, « qu’étrangers et voyageurs sur la terre… faits pour aspirer à une autre patrie » (He 11,13ss) à laquelle conduisent tous les chemins de désert. (septembre 1989)

L’islam est né au désert

Frère Christian

Donner sa vie pour Dieu

Pas de traduction pour ce texte.

Donner sa vie par amour pour Dieu, à l’avance, sans condition, c’est ce que nous avons fait... ou du moins ce que nous avons cru faire. Nous n’avons pas demandé alors ni pour quoi, ni comment. Nous nous en remettions à Dieu de l’emploi de ce don, de sa destination jour après jour, jusqu’à l’ultime [...] Nous voici ramenés au témoignage de Jésus, à son martyre : Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Homélie pour le Jeudi saint 1994)

Donner sa vie pour Dieu

Frère Christian

Le martyr de l'Espérance

Pas de traduction pour ce texte.

Il me semble que nous recevons là aujourd’hui, comme un surcroît d’appel pour ce « martyre » qui nous est destiné, celui de L’ESPÉRANCE. Oh ! Il n’est ni glorieux, ni brillant. Il s’ajuste exactement à toutes les dimensions du quotidien. Il définit depuis toujours l’état monastique : le pas à pas, le goutte à goutte, le mot à mot, le coude à coude... et c’est cela qu’il faut recommencer, en vie régulière, chaque matin, encore dans la nuit, et cela qu’il faut continuer de ruminer, de corriger, de discerner, d’attendre surtout [...] Et notre « Galilée » à nous, là où nous avons choisi de le suivre, puisque partout, désormais, il est DEVANT, c’est donc ce pays d’Algérie, dans son aujourd’hui pascal. Seule l’espérance peut nous y maintenir à notre place.

Le martyr de l'Espérance

Frère Christian

Dans la situation de Marie

Pas de traduction pour ce texte.

J’imagine assez bien que nous sommes dans cette situation de Marie qui va voir sa cousine Elisabeth et qui porte en elle un secret vivant qui est encore celui que nous pouvons porter nous-mêmes, une Bonne Nouvelle vivante. Elle l’a reçue d’un ange. C’est son secret et c’est aussi le secret de Dieu. Et elle ne doit pas savoir comment s’y prendre pour livrer ce secret. Va-t-elle dire quelque chose à Elisabeth ? Peut-elle le dire ? Comment le dire ? Comment s’y prendre ? Faut-il le cacher ? Et pourtant, tout en elle déborde, mais elle ne sait pas. D’abord c’est le secret de Dieu.

Dans la situation de Marie

Frère Christian

Vivre dans la maison de l'Islam

Pas de traduction pour ce texte.

Il me paraît que vivre dans la « maison de l’islam », c’est sentir concrètement la difficulté, et donc l’urgence plus grande, de ces nouveautés de l’Evangile que l’Eglise n’a extraites de son trésor qu’assez récemment : non-violence pratique, urgence de la justice sociale, liberté religieuse, spiritualité du dialogue, respect de la différence, sans oublier la solidarité avec les plus pauvres, toujours à réinventer. (septembre 1989)

 

Tant qu’il y aura une douleur à partager dans le monde, vous serez là, compagnons de la nuit et du doute, de la veille et des larmes. L’aurore se lèvera pour les autres ; pour vous, elle sera encore prématurée tant qu’il y aura un enfant dans le coma, et des parents effondrés pour qui le temps s’est arrêté au chevet d’un être déjà absent. (1977)

Vivre dans la maison de l'Islam

Frère Christian

Je suis à Lui

Pas de traduction pour ce texte.

Car enfin mes amis

il faut qu’entre nous

cela

soit bien clair

je suis à lui

et sur ses pas je vais

vers ma pleine vérité

pascale ("Aime jusqu'au bout du feu")

Je suis à Lui

Frère Christophe

Devenir serviteur

Pas de traduction pour ce texte.

Je te demande en ce jour

la grâce de devenir serviteur

et de donner ma vie

ici

en rançon pour la PAIX

en rançon pour la VIE

Jésus attire-moi

en ta JOIE

d’amour crucifié ("Aime jusqu'au bout du feu")

Devenir serviteur

Frère Christophe

Ce Noël ne fut pas comme les autres

Pas de traduction pour ce texte.

Ce Noël ne fut pas comme les autres [...] Il y avait nous, chacun ; et les événements qui nous ont immensément rapprochés, n’ont rien gommé des différences. Le matin nous avions convenu qu’il serait idiot de faire bloc. Chacun a vécu ces choses graves. Chacun les interprète. Chacun tâche de les assumer. Et puis, il y a aussi ce « nous » qui chemine, progresse en grâce et en sagesse (!?!). On est déplacé, conduit là où on n’aurait jamais pu aller malgré toute notre religion... Il est grand le mystère de la Foi... de la fidélité plus tendre. Oui, je suis bien ému d’être membre de ce corps, sans éclat ni belle apparence [...] MOINES, on est en train de le devenir un peu plus en vérité, selon l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. (Relation de frère Christophe, janvier 1994)

Ce Noël ne fut pas comme les autres

Frère Christophe

Amour en Croix

Pas de traduction pour ce texte.

L'office. Les mots des psaumes résistent, font corps avec la situation de violence, d'angoisse, de mensonge et d'injustice. Oui, il y a des ennemis. On ne peut pas nous contraindre à dire trop vite qu'on les aime sans faire injure à la mémoire des victimes dont chaque jour le nombre s'accroît. Dieu Saint. Dieu Fort. Viens à notre aide. Vite. Au secours. Et puis on reçoit des mots d'encouragement, de consolation, des mots qui font espérer et c'est là que lire l'Ecriture c'est vital. Il y a du sens : il est à recevoir, à reconnaître. A reconnaître : toi qui viens. Et nous voici chargés de ce sens. Il s'accomplit : Amour en Croix.

Amour en Croix

Frère Christophe

Ton "Je t'aime"

Pas de traduction pour ce texte.

Aujourd’hui, j’entends au fond de moi ton bonheur d’être en moi : Toi, l’Aimé de l’Amour. L’expérience si pauvre – et dérisoire à en pleurer ou à en rire – de cet étudiant tourangeau disant « je t’aime » sans que nulle réponse ne vienne. C’est ton « je t’aime » m’attirant dans la réciprocité du Don. Ta liberté, Jésus, est liberté d’allure : là où je vais après nous y sommes : il s’agit de le suivre.


Puisqu’il te suffit d’un rien que oui pour faire l’impossible ici s’il te plaît prends moi.

Ton "Je t'aime"

Frère Christophe

Ta ressemblance m'attire

Pas de traduction pour ce texte.

…ta ressemblance m’attire

dedans ta pâque je me suis glissé

et me laisse prendre entièrement à ta vie

ta résurrection m’envahit

par toi s’actualise le don

et tout s’éternise en joie…


Marie nous appelle dans le Verbe

et dans l'Esprit nous laisser aller

Dans la Joie du DON

Vers le Père

Vers nos Frères

Ta ressemblance m'attire

Frère Christophe

Puits que rien n'épuise

Pas de traduction pour ce texte.

C’est toi qui donne forme d’amour à mon existence. Ton je t’aime un jour m’est apparu. Je ne m’en suis pas remis. Je reste au bord de ce « puits que rien n’épuise ». Epuisé. Un jour de Toussaint, j’ai signé sur la feuille officielle ton Je t’aime. Ce qui a lieu ici, c’est une histoire cachée, c’est jeu d’amour ou rien du tout... (12 août 1993)

        

Quand ton corps s’en prend à ma vie.
Quand ton sang y met le feu.

Mon cœur me monte au visage.

Puits que rien n'épuise

Frère Christophe

Après la visite de Noël

Pas de traduction pour ce texte.

Après la visite de Noël, il m’a fallu quinze jours, trois semaines, pour revenir de ma propre mort. On accepte très vite la mort, ne vous inquiétez pas, mais pour reprendre pied ensuite, on met du temps. Après, je me suis dit : ces gens-là, ce type-là avec qui j’ai eu ce dialogue tellement tendu, quelle prière je peux faire pour lui ? Je ne peux demander au Bon Dieu : tue-le. Mais je peux demander : désarme-le. Après je me suis dit : ai-je le droit de demander : désarme-le, si je ne commence pas par demander : désarme-moi et désarme-nous en communauté. C’est ma prière quotidienne, je vous la confie tout simplement. (8 mars 1996)

Après la visite de Noël

Frère Christian

Le pèlerinage continue

Pas de traduction pour ce texte.

Avant que le Seigneur ne me rappelle à Lui, je demande que la Paix s’installe dans ce pays, que j’ai bien aimé et où j’ai passé plus de quarante-sept ans de ma vie. A notre âge, nous nous retournons vers le passé, et nous comprenons le sens de notre pèlerinage sur cette terre. Dans les souffrances du corps et la douleur de l’âme et les échecs, Dieu nous a conduits par la main. Le pèlerinage continue. Devant nous le Christ portant sa croix nous montre le chemin et au terminus brille la lumière pascale de la Résurrection. (10 octobre 1993)

Le pèlerinage continue

Frère Luc

Que le Seigneur me garde dans la joie

Pas de traduction pour ce texte.

Priez pour moi afin que le Seigneur me garde dans la joie. A nouveau notre région est plongée dans les horreurs de la violence. Dieu ne veut pas le malheur. Il se trouve avec les victimes. Dieu avec nous. Je peux poursuivre mon activité. J’ignore quand et comment tout cela finira. Priez pour moi. (15 mars 1996)

 

Ici, la situation est devenue inquiétante, peut-être sera-t-elle pour l’avenir dangereuse... La mort... ce serait un témoignage rendu à l’absolu de Dieu. (Lettre du 17 novembre 1993)

Que le Seigneur me garde dans la joie

Frère Luc

Nous cheminons avec le Seigneur

Pas de traduction pour ce texte.

Aussi longtemps que nous faisons de notre vie un but en soi, ne subsiste aucune raison de vivre, car tout se termine par la mort. C’est dans le Christ que nous découvrons le sens profond de notre vie. Ce que Dieu demande est que nous Lui fassions confiance à Lui et au Christ. (Lettre de janvier 1994)

 

Ici, c’est la confusion et la violence. Nous sommes dans une situation à risques mais nous persistons dans la foi et la confiance en Dieu. Nous cheminons avec le Seigneur. Il nous indique le chemin, c’est par la pauvreté, l’échec et la mort que nous allons vers Dieu ( lettre d’avril 1994).

Nous cheminons avec le Seigneur

Frère Luc

Comme un oiseau sur la branche

Pas de traduction pour ce texte.

Merci de nous suivre par la pensée, au milieu des événements d’Algérie. Une religieuse et un religieux ont été assassinés. Pas de trêve pour la violence. Nous sommes comme l’oiseau sur la branche, prêts à nous envoler vers d’autres cieux ! Des cieux nouveaux et une terre nouvelle. Partout où nous allons, partout où nous sommes, Dieu nous accompagne. Dieu n’est pas contre nous mais avec nous. Quand nous débarquerons de cette planète, encore tout plongés dans nos préoccupations terrestres, nous n’aurons pas peur, car en franchissant le seuil angoissant de la mort, nous trouverons le Christ qui nous introduira dans la maison du Père. (Lettre du 25 mai 1994)

Comme un oiseau sur la branche

Frère Luc

Martyr, c’est un mot tellement ambigu

Pas de traduction pour ce texte.

Martyr, c’est un mot tellement ambigu ici... S’il nous arrive quelque chose – je ne le souhaite pas – nous voulons le vivre ici en solidarité avec tous ces algériens (algériennes) qui ont déjà payé de leur vie, seulement solidaires de tous ces inconnus, innocents... Il me semble que celui qui nous aide aujourd’hui à tenir, c’est celui qui nous a appelés... J’en reste profondément émerveillé : Celui qui nous affermit  avec vous (peuple algérien) en Christ et qui nous donne l’onction : c’est Dieu. (Lettre à un moine)

Martyr, c’est un mot tellement ambigu

Frère Michel

Jusqu'où aller...

Pas de traduction pour ce texte.

Jusqu'où aller pour sauver sa peau sans risquer de perdre la vie. Un seul connaît le jour et l'heure de notre libération en lui... Soyons disponibles pour qu'il puisse agir en nous, par la prière et la présence aimante à tous nos frères.


Que restera-t-il dans quelques mois de l’Église d’Algérie, de sa visibilité, de ses structures, des personnes qui la composent ? Peu, très peu vraisemblablement. Pourtant je crois que la Bonne Nouvelle est semée, le grain germe [...]. L’Esprit est à l’œuvre, il travaille en profondeur dans le cœur des hommes. Soyons disponibles pour qu’il puisse agir en nous par la prière et la présence aimante à tous nos frères. (Lettre du 11 janvier 1995)

Jusqu'où aller...

Frère Paul

"Me voici devant Vous, ô mon Dieu"

Pas de traduction pour ce texte.

... Me voici, riche de misère et de pauvreté, et d’une lâcheté sans nom. Me voici devant Vous qui n’êtes qu’Amour et Miséricorde. Devant Vous, mais par votre seule grâce, m’y voilà tout entier, avec tout mon esprit, tout mon cœur, toute ma volonté» . (Tibhirine, 21/03/90, jour de sa profession solennelle)

 

"Me voici devant Vous, ô mon Dieu"

Frère Bruno

Etre des "Veilleurs"

Pas de traduction pour ce texte.

« Depuis le mois de Janvier, nous accueillons l’un ou l’autre de mes frères qui demeurent en Algérie. Ils viennent pour un temps, pour concrétiser le lien qui existe entre nos deux communautés, et pour trouver un peu de répit dans la grande tension qu’ils connaissent. Notre Prieur (Christian) est venu célébrer la Semaine Sainte et la fête de Pâques avec nous… Célébrer la Résurrection du Christ en cette terre, en cette ville, c’est évidemment un paradoxe, mais nous ressentons alors toute la signification de notre «mission» de priants… Etre des «veilleurs», prenant en notre prière toutes les joies et les peines du monde…» (Lettre - Fès - 07/05/95)

 

Etre des "Veilleurs"

Frère Bruno

"Je remercie le Seigneur d'être ici..."

Pas de traduction pour ce texte.

... et en cet état de vie. C’est simple, caché comme la graine enfouie dans le sol qui germera en son temps. Vie de foi et de grande espérance. Ici comme dans le monde entier, Dieu a jeté la semence de son Royaume, mais tout enfantement a ses douleurs… » (Lettre - Fès - 08/01/96)

"Je remercie le Seigneur d'être ici..."

Frère Bruno

Force et sérénité

Pas de traduction pour ce texte.

 « Vous demeurez tous bien présents dans ma prière qui ne connaît ni le temps qui passe, ni l’espace qui sépare… Et pour chacun, chacune de vous, que le Seigneur vous donne jour après jour force et sérénité… » (Lettre à la famille - deux jours avant l’enlèvement - Tibhirine - 24/03/1996)

Force et sérénité

Frère Bruno